Le mois de décembre a été le mois de la rédaction. J’ai enchainé les travaux longs et les présentations orales à l’université. Ils prennent les choses au sérieux ici. D’ailleurs, j’ai emmené Marie-Claude et Valérie (deux amies de la maitrise) à mes cours de migrations internationales et problèmes de l’Europe du Sud-Est. Elles ont été impressionnées par la qualité des cours et du français des Bulgares. Elles sont elles-mêmes en échange à Huelva, Espagne et elles sont venues me rendre visite 9 jours en Bulgarie. Nous avons profité pour faire une petite visite de Veliko Tarnovo. Laissez-moi vous raconter notre périple à 230 km de Sofia.
Vendredi matin, nous nous rendons à la l’agence de location de voiture. Notre but est de sortir de la ville et nous rendre à la mer noire (450 km). On nous avise que cela est impossible parce que la tempête de neige a forcé la fermeture des autoroutes de la moitié du pays. C’est dans ces situations que nous réalisons qu’on est loin du Canada. Après plusieurs minutes de délibération, nous déclarons forfait et revenons à la maison passé là journée en pyjama à regarder des films de Noël. Samedi matin, nous avions pensé aller à la montagne, mais sur un coup de tête, je réveille les filles et leur dit : nous allons à Veliko Tarnovo. Je veux sortir de Sofia. J’en ai assez de la ville. Allons à la station de bus et partons à l’aventure. La station est bondée, c’est les fêtes, et il semblerait qu’on ne soit pas les seuls à avoir eu cette idée. Après avoir demandé à quelques kiosques, je me dis que ça serait peut-être plus pratique de demander directement au kiosque de l’information. J’ai eu droit au meilleur du service à la clientèle bulgare!! (Prenez note du sarcasme)
Moi, de peine et de misère avec l’aide de mon dictionnaire, je demande : « По кое време е следващият автобус до Велико Търново? » (À quelle heure, le prochain autobus pour Veliko Tarnovo?) Et la madame qui me regarde droit dans les yeux avec un air de défi et me répond en bulgare comme si j’étais originaire de la Bulgarie. C’est totalement ridicule, mais bon, clairement, elle ne veut pas nous aider, et on n’est pas plus avancé. On décide d’aller voir à la station de train qui se trouve juste à côté. J’arrive au guichet et je demande dans le meilleur accent que je peux : « Колко е билет за влак до Велико Търново? ». (Combien coûte le billet de train pour Veliko Tarnovo?) Elle me comprend et inscrit le chiffre sur un bout de papier. Bon, elle n’est pas très sympathique la madame, mais on avance. Je demande donc : « три билета за Велико Търново ». Trois billets de bus pour Veliko nous coûtent 39 leva. Hum, elle m’avait dit 15 leva chacune. On est là, les trois à essayer de décoder si vraiment, on a eu trois billets pour Veliko, bien sûr, tout est écrit en alphabet cyrillique. On relève la tête et nous voilà avec une caméra devant le visage ainsi qu’un monsieur qui pointe son micro vers nous. Euh, pardon, je lui dis : не говоря български (je ne parle pas bulgare). Il parle anglais, alléluia! On lui demande si c’est inscrit trois billets pour Veliko, ce qu’il nous confirme. On est en business! Reste plus qu’à trouver la plateforme, finalement, c’est un autre monsieur qui nous dirige à la bonne place. On embarque dans le train, Marie-Claude s’assoit, et une fille qui l’avise que c’est son siège. Elle regarde notre billet et nous avise que nous n’avons pas de réservation de place. Ah non! Cinq heures debout dans l’allée, ça ne va pas faire. Finalement, après le départ du train, nous pouvons prendre les places libres, par contre, Valérie doit patienter plus longtemps. Puis, la même fille nous avise que nous devons changer de train. QUOI?? Bon, elle est gentille, elle nous avise quand il faut débarquer. Une fois sur le quai, on ne sait pas où se diriger, je demande encore avec mon bulgare hésitant, la madame nous répond en bulgare. Nous sommes interloquées, nous restons sur place. La madame nous fait signe de la suivre. HA, il fallait changer de quai. Les joies de ne pas parler la langue du pays. C’était bien drôle de nous voir les trois plantées devant la madame sans bouger quand elle nous donnait les indications où aller. C’est ça le principal problème, je suis capable de poser des questions, mais comprendre les réponses, c’est une autre histoire. Il semble avoir un problème technique avec le train, et un délai, mais finalement, on arrive à destination. On sort de la gare de train à 20 h 20, cinq heures pour faire 230 km. Quand même long, ce voyage. On arrive dehors, il fait noir, et il n’y a pas de taxi ou de téléphone en vue. Un couple néerlandais nous demande si l’on parle anglais et si on sait où aller. Non, c’est la première fois qu’on vient ici. Je leur propose de téléphoner à leur hôtel avec mon téléphone. J’informe la madame que ces clients sont à la gare de train. Celle-ci parle à peine anglais et me donne le numéro du taxi. N’importe quoi! Elle aurait pu l’appeler et l’envoyer à la gare, c’est quand même elle qui parle bulgare. Je réussis à faire comprendre au monsieur qu’on a besoin d’un taxi à la gare de train. J’appelle moi-même notre auberge de jeunesse et l’on me répond qu’il vient nous chercher d’ici dix minutes. Donc, on paie 10 € la nuit et l’on vient nous chercher, le couple doit payer au minimum 50 € la nuit et ils doivent se débrouiller tout seuls. Une chance que j’avais mon téléphone, ils auraient bien été mal pris. Le monsieur m’a dit que je leur avais sauvé la vie. Il faut bien s’entraider entre voyageurs. On arrive enfin à l’auberge de jeunesse et wow, nous décidons sur-le-champ de rester deux nuits à la place. C’est trop bien comme place et on est les seules pour le moment.
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