61 ans. Tu aurais eu 61 ans aujourd’hui. Les journées passent, mais les souvenirs restent gravés dans notre mémoire. Plus jeune, quand j’attendais l’autobus pour aller à l’école, je voyais toujours un monsieur courir, été comme hiver, qu’il fasse + 30 ou -30 degré celcius. Je t’ai toujours imaginé faisant la même chose plus tard. Toi qui aimais tant le sport. Jamais je n’aurais cru qu’une bande de voleurs t’enlèverait la vie. Pour une simple question de bagages. Avec ton bon cœur, tu leur aurais probablement donné de toute façon. Un vol qui a mal tourné. Une vie enlevée inutilement.
Parfois, la vie bascule. Le 26 novembre 1999, un vendredi pluvieux, mon père est mort. Un moment, on regarde le film Meet Joe Black, et l’instant d’après, un oncle nous téléphone pour nous dire : « Ton père est mort, tu n’entends pas ta tante qui est hystérique ». Le téléphone nous échappe, on se met à trembler et à pleurer. Le copain réalise que quelque chose de grave vient de se produire. Un appel à un autre oncle qui essaie de nous rassurer tant bien que mal en nous disant qu’un accident s’est produit, mais qu’on n’était pas sûr qu’il soit décédé. Mon père rêvait de revivre le carnaval de son village. Pour la première fois en vingt ans, il y retournait, il voulait tant y participer. Son rêve a pris fin abruptement, dès son arrivée au pays. Parfois, la vie bascule.
Cela n’a jamais été important pour moi de savoir qui étaient les malfaiteurs. Sincèrement, je n’ai jamais perdu mon temps à me poser la question. Le résultat était que je n’allais jamais revoir mon père vivant, une réalité que je devais m’habituer. Il ne serait jamais plus à mes côtés. Je n’ai pu lui dire que je l’aimais une dernière fois. Toutefois, mes gestes quotidiens étaient là pour le prouver. Les inégalités provoquent des gestes désespérés. Est-ce que je leur en veux? Non, jamais je ne leur en ai voulu. La pauvreté est dure et sans pitié. Cela s’est passé dans son pays d’origine. Cela rend la chose moins réelle. Je n’ai pas à passer devant le lieu chaque jour. Enfin,je n’ai jamais considéré ce pays comme le mien.
Je me souviens dans l’avion, mes frères et moi, on riait. On se faisait des blagues stupides. Une façon de se protéger et d’être en déni à la suite d’un événement tragique. On a ri jusqu’à notre arrivée. Le moment que j’ai monté les escaliers chez ma tante. Je me suis mise à pleurer. J’ai compris que ce n’était pas une mauvaise blague. Mon père toujours actif à 47 ans était étendu dans un cercueil au milieu du salon. Je me souviens m’être fait la réflexion que je n’aimerais pas avoir une personne décédée dans mon salon. J’aurais toujours cette image dans ma tête. On se fait des drôles de réflexions dans ce genre de moments. Les tantes de mon père chuchotaient en disant que j’étais sa fille venue du Canada comme si je ne comprenais pas l’espagnol. Je réalise maintenant que pour elles, j’étais la petite nouvelle arrivée d’un pays lointain. Drôle de moment pour faire connaissance.
Déjà à ce moment, je réalisais les différences culturelles. Le salon était rempli de gens que je ne connaissais pas. De la famille élargie aux nombreux amis venus payer leur respect. Ma cousine a sorti tout le monde pour me permettre de me recueillir un moment seul. Entre mes pleurs, j’ai réussi à lui dire que mon père ne portait JAMAIS la cravate. Elle lui a enlevé. Lors de l’enterrement, je me suis fait bousculer et j’ai à peine pu le voir. La femme de ménage était tellement hystérique que je n’ai pu penser à rien. Je me disais, voyons, elle ne l’a pratiquement pas vu ces 20 dernières années. Est-ce qu’elle a vraiment besoin d’être aussi criarde et démonstrative?
Mon papa était un blagueur, toujours souriant et avec un caractère bouillant. Le football (soccer) était sa passion. Il jouait toutes les semaines, jusqu’à sa mort. Nous avons vu d’innombrables parcs à Montréal. Ni mon frère ni moi n’avons partagé cette passion. Chaque année, on déménageait, chaque année, on changeait de voiture. Toujours la promesse que ça serait la dernière fois. Ça ne l’était jamais. Ma bougeotte, je l’ai bien prise quelque part. Ma mère et mon frère sont très sédentaires. Ils viennent de déménager après plus d’une quinzaine années au même endroit!! Comme moi, mon père aimait les sucreries, je me souviens d’une fois où il a mangé la tarte au sucre que la mère à Stéphane m’avait préparée, au complet. Il mangeait les chocolats belges que je lui avais offerts le jour de son départ. Je me rappellerais toujours la journée de mes quinze ans. Ma mère ne trouvait pas mon père pour les photos au Jardin botanique puis plus tard, on le voit arriver tout tranquille en mangeant sa crème glacée. C’était mon père tout craché. Il aimait tellement aller au restaurant lors de sa fête et aviser tous les serveurs pour qu’on lui chante Bonne fête. Je tiens ça de lui. Nous étions les deux extraverties de la famille.
Il nous disait souvent qu’il était heureux. Que s’il avait à mourir, il mourrait heureux! J’ai souvent pensé à ça les années qui ont suivi sa mort. Parfois, la vie bascule, mais les souvenirs restent à jamais gravés à notre mémoire. Feliz cumpleaños papito .. te extrañare para siempre…
Ce sont de tres beaux souvenir 🙂 il représentait la joie quand j’étais toute petite 🙂 De beaux souvenirs 🙂
Merci de m’avoir fait connaître ton papa
J’aurais aimé le rencontrer et parler de foot et d’espagnol avec lui
Je t’aime XXXXXX
Karen .. pas sûr que ta soeur dise la même chose, elle voulait plus venir chez-nous après qu’il l’ait chicaner. Pierre-Anne, ça c’est sûr, il était un grand fan du foot.. tu te serais bien entendu avec lui.
hay mi carol yo se que es dura la vida cada año que pasa lo recordamos mas y nos hace mas falta pero dios sabe porque se lo llevo el lo nececitaba mas en el cielo que en la tierra aunque nos dejo el corazon destruiyo a nosotros el esta jugando futbol en el cielo y contando sus chistes ahora estube platicando con un amigo de nosotros y recordandolo como era el era un ser tan especial que nunca habra otro igual CARLOS NAVARRETE SOLO HAY UNO que descanse en paz siempre te llevaremos en nuestros corazones y ese gran amor por ti siempre estara en nosotros amen
Très beau témoignage Carol… très touchée 🙂 Besos