C’est la dernière journée de l’An 2014. Déjà. Un an depuis le décès de mon oncle. Je suis toujours surprise de la rapidité des années qui passent. Est-ce que parce que je vieillis ou cela a toujours été ainsi? Je me dirige vers la moitié de ma vie. Est-ce que je vais avoir la crise de la quarantaine? L’ai-je déjà eue?
Si quelqu’un m’avait demandé comment avait été mon année 2014. Spontanément, j’aurais répondu : un désastre. Mais après avoir fait le bilan, je suis plus modérée dans ma réponse. J’ai eu beaucoup de points positifs, notamment, je suis maintenant diplômée d’une maîtrise (je me rapproche de mon objectif final qui est le doctorat, mais pas avant plusieurs années), j’ai plusieurs personnes qui m’aiment (en tous cas, je l’espère haha) et à part quelques rhumes et une fausse alerte à l’hôpital pour une question de betteraves, je suis en santé.
Mon bilan pour l’année qui s’achève :
Le 27 janvier, le décès de mon oncle Luis, le 7 mars, le dépôt final de mon essai de maîtrise, le 23 mars, je déménage à Victoriaville, le 24 mars, le début de mon contrat travail en tant qu’intervenante sociale et agente de liaison scolaire au CAIBF et nouvelle diplômée de la maîtrise en médiation interculturelle, le 23 avril, vacances en France et Italie où je revois plusieurs amis, le 26 avril, mariage à Maxime avec qui j’ai voyagé en Amérique du Sud en 2007, le 11 mai, retour à Montréal et ma première rencontre avec Jean-François qui vient me chercher à l’aéroport, le 21 juin, célébration de ma fête où Jean-François me fait une surprise en m’emmenant faire un tour d’avion au-dessus de ma ville préférée (Montréal). Par la suite, à la course, nous arrivons légèrement en retard au restaurant Motador où ma famille et mes amis m’attentent pour célébrer mon 39e anniversaire. Le soir, je vais voir Julio Iglesias avec ma mère et tia Marina à la Place des Arts. Le 24 juin, journée où je déménage officiellement à Victoriaville, le 25 juillet, c’est la fin de ma relation avec Jean-François, le 31 octobre, c’est la fin de mon contrat travail au CAIBF, le 10 novembre Je suis hébergée une semaine chez Souleymane, le 11 novembre, rencontre avec Julien, mon ancien collègue de travail au NPD et le soir, match de hockey au Centre Bell, offert par Françoise, le 17 novembre, c’est le début de mon contrat travail pour députée fédérale NPD et je suis hébergée chez Valérie deux semaines, le 30 novembre, je reviens à Montréal et j’entrepose mes meubles. Le 1er décembre, je passe une semaine chez Sophie, le 7 décembre, je déménage chez Anna à Brossard, le 19 décembre, c’est la fin de contrat de travail au NPD et le début des vacances.
Ce que je retiens de cette année? Qu’on dirait plus j’ai envie d’être stable, plus je bouge. Je commence à me rendre compte que la stabilité n’est peut-être pas faite pour moi. Je me souviens d’une soirée particulière quand j’étais seule dans mon appartement à Victoriaville où je me suis fait la réflexion si c’était vraiment ce dont j’avais envie? De travailler pour payer mes comptes. Oui, j’avais un bel appartement, une belle voiture, un emploi dans mon domaine, mais étais-je vraiment heureuse? La vérité était que non. Je me sentais seule à Victoriaville, sans mes amis et ma famille. L’ironie était que mon travail consistait à intégrer les nouveaux arrivants à Victoriaville et que moi-même, je n’y arrivais pas. J’ai trouvé que les habitants de Victo étaient centrés sur eux-mêmes et leur cercle d’amis et qu’il est plus facile de se faire des amis dans une grande ville comme Montréal. Les gens sont moins méfiants. Cette expérience a été une déception pour moi parce que j’ai réalisé que moi, la médiatrice interculturelle, qui avait vécu dans plusieurs endroits dans le monde, parfois, même dans le désert, j’ai failli dans mon intégration. J’ai été naïve de croire que les gens m’accueilleraient à bras ouverts. Toutefois, j’ai appris une leçon incroyable que lorsqu’on est exclus d’une société, on s’isole et de là, l’importance de bien intégrer les nouveaux arrivants. J’ai aussi été déçue du peu de soutien que nous avons reçu au travail. J’ai eu l’impression d’avoir accompli quelque chose de bien avec mes clients, mais que personne n’a été là pour le reconnaître et au lieu de nous appuyer, on nous a mis des bâtons dans les roues. Cette expérience m’a permis d’apprendre que j’aime aider les gens, que c’est quelque chose de naturel pour moi, que je suis capable de négocier, mais surtout que j’ai une personnalité extravertie qui peuvent parfois déranger certaines personnes. J’ai besoin d’être dans un environnement plus stimulant, donc, je n’étais pas mécontente que mon contrat se soit terminé, même si j’aurais voulu terminer mon mandat avec les jeunes avec qui j’avais finalement réussi à avoir une relation.
Quels sont mes projets? Je ne sais pas. Je continue ma recherche d’emploi dans mon domaine. Je n’étais pas sûre de vouloir continuer à travailler avec les réfugiés, mais après mure réflexion, je réalise qu’on demandait beaucoup à ces gens en très peu de temps. Le réflexe naturel étant qu’on voudrait qu’ils s’intègrent rapidement. Nous voilà de retour dans notre société de performance où tout doit être parfait. Lors d’une formation sur la communication, une participante m’a dit : tu vas accomplir de grandes choses, Victoriaville, c’est trop petit pour toi. Je te vois à l’international. De plus en plus, je réalise que ma place n’est pas au Québec, même si j’adore Montréal et surtout d’être entourée de mes amis et ma famille. J’ai déjà entamé des procédures pour travailler à l’international avec les réfugiés. Je pense aussi à aller vivre au El Salvador pendant un an si ma candidature n’est pas retenu à Genève. Mes biens sont entreposés, il ne me reste plus qu’à vendre ma belle voiture qui m’a rendu tellement de services. Je ne suis pas rendue là encore, mais bientôt les amis… l’idée chemine dans ma tête.
Je vous remercie d’être dans ma vie, chacun de vous joue un rôle primordial dans mon bonheur. Je ne pourrais pas accomplir toutes ces choses sans votre appui. Je n’ai pas de chum ou d’enfants, mais j’ai la chance d’être bien entourée. Je n’ai qu’à penser à l’émotion que j’ai ressentie lorsque la fille de Sophie a mis ses skis alpins pour la première fois; quand spontanément, Félix, le fils à Josée m’a serrée dans ses bras, heureux d’aller au restaurant; de voir la passion de hockey que j’ai transmise à mon neveu Jeffrey; la joie et les sourires de Cruz, Alizée et Élisa lorsqu’ils me voient, ce sont des privilèges que j’apprécie énormément. Je ne sais pas si j’aurais des enfants un jour, j’ai arrêté de m’en faire avec ça, je suis bien avec moi-même et c’est ce qui compte le plus. J’ai toujours dit que j’avais le meilleur rôle de matante.
Une note spéciale à ma maman qui malgré tous mes déménagements et mes changements d’idées est toujours là pour m’aider et m’appuyer dans mes démarches les plus folles. Je suis fière de ce que j’aie accompli ces 39 dernières années et ça n’aurait pas été possible sans elle. J’ai toujours su qu’elle serait là s’il m’arrivait quelque chose à l’étranger, et ça, c’est inestimable. Mon tour du monde, je le dois en partie à elle pour la confiance qu’elle a eue en moi. Je sais que la tendance est de surprotéger ses enfants, mais je dois dire que sans la liberté que mes parents m’ont donnée, je n’aurais pas eu le courage de partir vivre à l’étranger et je n’aurais pas eu toutes ces belles expériences enrichissantes et la carrière à laquelle j’aspire. Enfin, je lui ai promis que je ne déménagerai pas avant un an minimum. On verra si l’avenir lui donnera raison!
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